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17 février 2019 7 17 /02 /février /2019 09:32

Extrait du chapitre 3 de  La crème anglaise

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99 centimes pour une nouvelle et 2.99 euros pour un roman... Bonne lecture.

 

                 Le bédeu

 

 

La plupart des locataires du Foyer étaient de retour ce dimanche soir. Des bruits de voix, des rires et des exclamations arrivaient par vagues depuis la salle commune. J’avais broyé du noir une bonne partie de l’après-midi, les  rires m’incitèrent à faire connaissance de ce monde bruyant.

Quelques tables et une douzaine de chaises meublaient le côté des fenêtres, face à la Seille. Les cris et les rires provenaient de l’espace à droite qui monopolisait toute l’activité. Des rafales de chocs secouaient un baby-foot où quatre joueurs, jambes écartées, dos courbés et visages au ras des manettes se livraient un match endiablé, au milieu d’un épais nuage de fumée bleue en suspension autour d’un grand abat-jour. Un autre groupe, plus important, encourageait des lanceurs de fléchettes, ce qui m’intéressait plus que le baby-foot. Je pratiquais ce jeu tous les jours, pendant le coffee break à la C.E Section, où je jouais avec d’autres civils, contre les militaires. Nos parties enthousiastes, à chaque fois dominées par un esprit revanchard bon enfant, n’avaient rien à envier à ce que je voyais. Personne n’avait encore noté ma présence jusqu’au moment où un grand frisé aux mèches bouclées m’interpella :

- Eh toi, tu sais jouer, tu sais bien tirer ?

- Oui, un peu, pourquoi ?

- Mon pote a mal au poignet et les autres là sont des brêles, on fait équipe ?

- Si tu veux, qui commence ?

- Toi, je vais voir ce que tu as dans le ventre.

Je pris position, la jambe droite bien plantée, levai le bras, concentré sur la cible. J’allais tirer, dans un grand silence subit. Je devais commencer par un double dans l’étroite couronne extérieure. Je fermai un œil, le poignet souple, animé de petits mouvements et je tirai.

- Oh !

Les respirations retenues se lâchèrent, les compliments fusèrent, les tapes dans le dos faillirent me faire tomber.

- Bien joué, t’as intérêt à continuer sur cette lancée. On va leur foutre une branlée ! Moi c’est Félix, et toi ?

- Moi c’est Luc.

Félix voulait trop bien faire et ratait souvent le point. Les adversaires, des teigneux, ne m’arrivaient pas à la cheville. Je dois admettre que je prenais un plaisir sadique à réussir chaque lancer et voir les mines déconfites, presque hargneuses. La tension se faisait sentir, les joueurs du baby-foot s’étaient rapprochés, curieux et peu avares d'applaudissements qui irritaient de plus en plus les adversaires dont je connaissais à présent les prénoms : René et Fernand. Ils s’excitaient, s’invectivaient dans un français trempé dans un fort accent du sud-ouest. Ma dernière fléchette s’enfonça dans le mille, partie terminée.

Félix me prit par les épaules, heureux comme un gamin.

- Tu m’as bluffé Luc, on fera équipe dorénavant. Je t’offre un Coca, tu pourras me raconter ce que tu fais.

Nous nous assîmes à une table libre.

- Allez, commence par toi.

Je m’exécutai et constatai au fur et à mesure les yeux de Félix s'agrandir.

- Eh ben, tu me souffles ! Alors, comme ça, tu parles anglais, la vache ! Moi c’est plus simple. J’ai terminé mon apprentissage de ferblantier et je vais être embauché comme ouvrier, avec un bon salaire. En plus, ce n’est pas loin, je peux y aller à pied. c’est au Sablon.

- Ne me dis pas que c’est chez le ferblantier à côté du garage ?

- Si, tu connais ?

- Un peu, tu parles si je connais ! C’était mon fief pend….

- On peut ?

René n’attendit pas de réponse, tira une chaise et s’assit, un sourire amusé en nous fixant tour à tour. Fernand arriva en trainant les pieds, deux bouteilles de Coca dans une main.

- Alors les champions, on arrose la victoire ?

René porta le goulot à la bouche, avala une longue lampée, posa la bouteille en la claquant sur la table et rota, un rot puissant venu du fond des entrailles.

Félix secoua la tête.

 

- Tu sais très bien que je peux me passer de potes comme toi et ton ombre.

René serra les mâchoires, j’entendis crisser ses dents et regrettai d’avoir à assister à ce ressemblait à un défi. Fernand ricana.

- Que veux-tu René, notre Félix a trouvé un champion…

Félix s’appuya contre le dossier de sa chaise et la maintint en équilibre sur les deux pieds arrière. Il ne semblait pas le moins du monde énervé par le manège des deux bouffeurs de cassoulet. Et pour cause. Il faisait une tête de plus que René, et deux têtes de plus que Fernand, de plus, ses épaules de débardeur en imposaient. René se fit tout doux et demanda, intéressé :

- Alors comme ça, tu travailles chez les Canadiens…

- Oui, comment tu le sais ?

- Ici on sait tout et Madeleine ne sait rien me refuser, rien.

Fernand ricana de nouveau, comme s’il s’agissait de son mode de communication 

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9 février 2019 6 09 /02 /février /2019 08:17

             

Quelques pages du chapitres 3. Luc intègre le Foyer, il est enfin chez lui...

 

             Le Foyer

 

 

 

La lune jouait à cache-cache avec de gros nuages noirs. Pendant de brefs instants, les pignons et faîtage des pavillons du Parc des Expositions surgissaient de la nuit. A un jet de pierre, des reflets argentés frappaient la surface tranquille de la Seille. Est-ce que les poissons dorment, la nuit ?

En caleçon, debout devant la fenêtre de ma chambre, je laissais filer mes idées, mes pensées. J’étais bien, je me sentais bien., enfin… Que de chemin parcouru en si peu de temps !

Après avoir pris la décision de quitter le château hanté, je savais que le plus dur m’attendait. Comment expliquer mon départ à Marko sans le vexer ? Il avait tant fait pour moi, son aide fut si décisive, il était tout à fait en droit, peut-être pas d’exiger, mais de s’attendre à de la reconnaissance de ma part. J’imaginais pendant plusieurs jours des scénarios les plus farfelus les uns que les autres.

Ce jour-là, Marko ne prenait pas son déjeuner au Mess-Hall et j’étais seul à table avec madame Mournier. Celle-ci posa sa fourchette et son couteau et appuya le menton sur ses mains jointes.

- Que se passe-t-il mon petit Luc ? Il y a quelque chose qui te fait du souci ?

Je rougis, étais-je donc si lisible ?

- Euh non, euh non, rien de spécial…

- Tu n’as pas pris tous les hors d’œuvres et tu picores, l’esprit ailleurs, donc quelque chose ne va pas. Tu veux en parler ?

Son grand sourire amical me décida et je lui exposai mon problème. Je n’eus pas à le regretter.

- Tu as bien fait de m’en parler, et j’ai bien fait d’insister, car j’ai une solution qui pourrait bien t’arranger. Il y a quelque temps nous avons placé un jeune Canadien qui voulait s’initier à la charcuterie lorraine, chez un artisan de Metz. Il a obtenu son CAP et puis est retourné à Toronto. Nous avons conservé de bons rapports avec le directeur du Foyer des Jeunes Travailleurs, tu sais, en bas de Plantières, près du parc des expositions. Je vais téléphoner au directeur, je te tiendrai au courant. Tu verras, c’est un endroit très agréable.

J’avais du mal à croire en ma chance, j’étais comblé, de plus, elle en parlait comme si c’était fait. Trois bons génies s’étaient penchés sur ma modeste personne et m’avaient tendu la main, dans ce château de Mercy, un véritable conte de fées. Monsieur Dupuit avait réglé les prétentions de ma mère, en un tour de main. Marko avait organisé mon départ, après m’avoir convaincu de le faire, et maintenant Madame Mournier s’occupait de moi. Elle m’appela en fin d’après-midi.

- Il y a une chambre de libre, au début du mois, d’ailleurs, le CPO (Civilian Personnal Officer) va te faire une lettre de recommandation qui appuiera ma démarche. C’est OK pour toi, Luc ?

- C’est une nouvelle fantastique, je vous adore, vous êtes mon ange-gardien !

- Je suis heureuse de t’aider, petit flatteur !

C’est vrai, je n’aurais jamais eu le courage de lui parler de cette façon face à face.

Pour Marko, l’idée me vint en me souvenant des propos de l’ingénieur. J’abordai le sujet le soir même, dans le car qui nous ramenait au château hanté.

- L’ingénieur m’a dit que je devais me perfectionner en génie civil en m’inscrivant aux cours du soir de l’École Professionnelle, c’est la seule façon d’obtenir de l’avancement. J’ai téléphoné et c’est d’accord. Je peux m’inscrire. Le hic c’est qu’il faudrait que je sois sur place pour aller aux cours. Je leur ai dit que j’habitais à la campagne, ils m’ont proposé, alors une chambre au Foyer des Jeunes Travailleurs, libre au début du mois. Adieu le grand air de la campagne, adieu la tranquillité…

Je dois avouer que j’avais honte de mon mensonge, mais, il y a toujours un mais, c’était pour la bonne cause et j’évitais ainsi de froisser Marko.

Il resta silencieux. Il prit le temps de tasser le tabac dans sa pipe, qu’il n’alluma pas.

- Ce sera bien mieux pour toi, tu seras sur place. Il est temps que tu te prennes en mains.

La messe fut dite avec une sobriété exemplaire.

Viviane, quant à elle, sa réaction releva de l’explosion, bruyante, déplacée. Toutes les têtes du car se tournèrent vers les cris. Des sourires et des moues de désapprobation se mélangèrent. Viviane sauta sur place en claquant des mains et en poussant des cris comme si elle participait à un rodéo. Marko leva les yeux au plafond, et chose rare, accompagna sa mimique par un hochement de tête et un rictus scandalisé. Dans un flot de paroles, je compris que les parents de Viviane me recevraient volontiers, qu’il y aurait des promenades, des séances de cinéma et, c’était à moi de défricher toutes les possibilités, puisque je serai messin avant elle, ce que je devais encore officialiser.

 

Dès le samedi, je pris le car pour aller me présenter. Quel plaisir de marcher, de saluer la gare, le château d’eau, passer sous le pont du chemin de fer, de m’arrêter sur le pont surplombant la Seille J’eus beau sonder des yeux les ....A Suivre...

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7 février 2019 4 07 /02 /février /2019 17:48

Pascal Gadroy a créé toutes les couvertures de mes romans, contes et nouvelles disponibles sur Amazon. Pour me motiver, pour m'inciter à terminer le volume 3 de La saga de Luc, Pascal a créé la couverture de La crème anglaise, que je vous livre... 

 

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5 février 2019 2 05 /02 /février /2019 15:02

Ecoutez cette lame à l'acier prestigieux vous faire part de ses souvenirs... et tremblez...

 

Le cœur dans l’ébène

Première partie

 

La nuit de la gazelle

 

 

Le soleil se décolla lentement de la ligne d’horizon et embrasa la savane. La trêve tacite inscrite dans la mémoire des temps fut rompue autour de la mare boueuse, à l’est du grand épineux.

Fatigué, malade, le vieux gnou ne vit pas sa mort venir. La lionne lui broya les vertèbres d’un seul coup de gueule. Très loin, plus au sud, la forêt tropicale exhalait ses premiers souffles de brume, avant de se figer sous le ciel plombé.

 

Le bulldozer avait déjà percé un long tunnel dans le mur végétal sans pour autant apporter plus de lumière. Des nuées d’insectes tourbillonnaient sur la lame, croyant pouvoir l’arrêter. Les chenillettes s’enfonçaient dans l’humus juteux et le rejetaient en mitraille dans les feuillages aux alentours. Elles patinaient parfois dans une bouillie de sève et de jus verdâtre. Après un court emballement du moteur, l’engin reprit sa lente progression en crachant un nuage de fumée bleue emprisonné aussitôt par la voûte humide.

A présent, l’espace sous l’arbre était bien dégagé. Le tronc lisse et vierge de tout parasite de l’ébénier se dressait comme une colonne antique à la gloire d’un dieu de la forêt.

Dans le campement écrasé par la formidable épaisseur feuillue, les halos saccadés des lampes à pétrole projetaient des ombres mouvantes. De l’opacité de la nuit et de la forêt s’éleva le chant confus d’un monde invisible. Le grand arbre se prépara.

Dans le nord du pays, le clair-obscur proclama une nouvelle trêve près de la mare. La gazelle s’abreuva, les naseaux frémissants, les oreilles rabattues. Elle aussi entamait sa dernière nuit.

Des gémissements ténus se répondirent, suivis par une plainte sourde, puis un temps de silence immobile. La forêt ne bruissait plus, la forêt retenait son souffle. Un grondement de colère jaillit de la plaie noire. Le tronc et les branches basses frémirent. Un autre silence, plus lourd, proche du sanglot étouffé fusa. Le tronc s’écarta imperceptiblement de sa verticale, sembla hésiter sur le chemin de sa mort, puis amorça sa chute. Il vacilla dans une lenteur digne, se révolta ensuite pour s’élancer, pris de rage, en pulvérisant feuillages, troncs et branches.

Un brouillard de débris végétaux fut happé du sol et brusquement s’illumina en pluie d’or, frappé par le ciel. Un doigt oblique de soleil glissa le long du mastodonte sacrifié et se perdit dans la densité des cimes.

 

La trame de l’épais tissu de la veste s’ouvrit sous le choc. La peau céda sans résistance. Je baignai aussitôt dans le chaud gargouillis du poumon transpercé. Je ressortis en faisant chanter mon fil sur une côte, poursuivi par une mousse de sang écarlate.

La pression nerveuse de la main qui me serrait se relâcha, se fit plus douce et flatta le beau bois de mon manche. Un rapide mouvement sur une étoffe me rendit mon éclat. La pulsation du cœur de mon maître venait s’écraser par vagues jusqu’aux extrémités de ses doigts. Des pas, des cris puis une cavalcade emplirent la nuit. Des coups de sifflet nerveux précédèrent des ordres brefs. Les batteries de luminaires du supermarché s’allumèrent en rafales, secteur par secteur. A l’instant où le dernier quartier d’ombre allait recevoir la lumière crue des tubes fluorescents, mon maître se détendit et d’un bond tout en puissance percuta une pile de cartons. Il roula, se rétablit, déverrouilla l’issue de secours et se noya dans l’obscurité du parking désert. Il m’avait fixé dans un étui sur son avant-bras. Son souffle bien rythmé, sa façon de se plier en longeant la murette d’enceinte m’indiquaient que tout danger était écarté.

Sa démarche rapide se calma. Nous arrivions aux abords d’une cité de Hlm. Malgré la pauvreté de l’éclairage, les façades grises ne pouvaient dissimuler leur délabrement. Le béton fendu de lézardes, les couches superposées de tags composaient un damier lugubre. Des cartons, des boîtes de conserve et des bouteilles remplaçaient le gazon devant les entrées borgnes. La porte gravée d’inscriptions s’ouvrit sur une cage d’escaliers noire. Une odeur de pourriture et d’urine stagnait dans l’air croupi. Un espace destiné à faire sécher le linge laissa voir une montagne d’ordures entassées, dégageant des odeurs écœurantes. De gros rats levèrent leur museau à notre passage et continuèrent leur festin. Je pus entendre le claquement mouillé de leurs incisives dans les restants de melons.

Arrivés à un étage, toujours dans le noir absolu, mon maître frappa deux coups longs, deux coups secs. La porte, sans nom, sans numéro, s’ouvrit aussitôt. Une série de chuchotements énergiques précédèrent un enlacement. La femme était nue, sa peau cuivrée et les touffes de poils frisés bavant de dessous ses aisselles répandaient un mélange âcre de transpiration acide et de parfum bon marché. Je les suivis dans une pièce aux murs jaunes. Un matelas difforme, taché et troué recouvrait un tapis aux motifs orientaux aux couleurs étrangement vives et fraîches. La bougie posée sur une assiette débordante de cendres et de mégots repoussait des ombres de misère vers une chaise où pendait un soutien-gorge rose bordé d’une dentelle de crasse. La flamme de la bougie chancela. Sa braise charbonneuse repartit d’un nouvel éclat. J’étais posé dans mon étui, à moitié glissé sous le matelas. Les soupirs, les grognements de plaisir m’arrivaient par à-coups. Je pus observer une nichée de cafards en procession le long de la plinthe où leurs pattes crantées crissaient sur les boursouflures de la peinture.

Le calme conquis finalement le matelas.

La flammèche de la bougie se perdit dans le suif limpide. Mon maître se leva pour boire d’un trait une boîte de bière. Il émit un rot caverneux et sombra dans le sommeil.

 

Des souvenirs me revinrent en une succession d’images et de bruits. Ma mémoire ouvrit ses pages. Comme tout grand événement, ma naissance fut le résultat d’un concours de circonstances fortuites.

La commande fut exécutée dans sa totalité. Les trente lames gravées attendaient leur livraison. L’une d’elles, à peine ébauchée, reposait dans un seau. L’apprenti en avait accidentellement détrempé l’extrémité, ce qui provoqua la colère du premier compagnon. Outré à l’idée de perdre un si beau métal, il esquissa plusieurs dessins sur du carton fort. De ses mains habiles je naquis. Son œuvre devait être parfaite. Seul le meilleur acier allié a un noble matériau pouvait satisfaire ses exigences. Il n’eut aucune hésitation lorsqu’il fallut choisir entre la corne, l’ivoire 

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3 juillet 2016 7 03 /07 /juillet /2016 09:10
Un amour de fenêtre

~~Un amour de fenêtre J’entendais le merle plus que je ne le voyais. Ses roucoulades mélodieuses ajoutaient encore à mon plaisir qui atteignait par instants des fulgurances quasi divines. Mes paupières faisaient des allers-retours et je ne pouvais voir le merle que par intermittence, perché au sommet d’un cerisier. Une douce brise parfumée me frôlait le visage appuyé sur mes mains, bien à plat sur le cadre en bois du Velux. Des bruits de gorge s’échappaient à intervalles réguliers de ma bouche, des bruits parfois plus prononcés que je maitrisais pour qu’ils ne se transforment pas en un puissant rugissement. Un vieil homme sarclait le chemin de son jardin. Je pouvais parfaitement voir son crâne luisant d’où perlaient de grosses gouttes de sueur. Plus loin, une femme en short moulant accrochait son linge, avec méthode en regarnissant régulièrement sa bouche de pinces de couleur fluorescente. Elle épingla deux culottes en voile transparent, l’une gris pâle et l’autre couleur chair. J’eus peu de peine à l’imaginer dans sa chambre, penchée pour enfiler le tissu diaphane, ses seins encore nus pointés vers un tapis moelleux. Je réprimai un mouvement de recul. Eva aspira comme une goinfre ma couille gauche. Elle la roula dans sa bouche en la massant avec une langue gourmande. Je me détendis quand sa main se saisit de mon sexe dur comme du bois pour me branler, en prenant soin, à chaque remontée de heurter la base de mon gland, aussi gonflé, aussi violet qu’une aubergine. Elle s’attaqua à l’autre couille qu’elle ne parvenait pas à saisir sans l’aide des dents, elle la coinça donc entre le pouce et l’index et l’avala comme un œuf à la coque. Si elle continuait sur cette lancée il est certain que je ne pourrais plus me retenir, obligé de lâcher une longue giclée de crème. Eva avait pris l’initiative dès l’arrivée dans la chambre et m’avait privé de lui garnir le minou de ma queue vibrante de désir. La vie est pleine de surprises, et toujours lorsqu’on s’y attend le moins. Cette réunion de marketing ressemblait à toutes les autres, sinon, excités par l’air de la campagne, certaines âmes charitables en profitèrent pour débiner sans retenue les collègues absents. Eva, la nouvelle collaboratrice recrutée pour le nord-est de la France s’était entièrement absorbée dans ses prises de notes, ou alors, avait suivi, le front plissé, la projection des courbes des ventes, région par région. Les cheveux noirs, coupés à la garçonne dégageaient un long cou sans la moindre ride. Je l’observais à la dérobade, captivé par son menton volontaire et ses lèvres dessinées avec art, d’un beau rouge glossy. Je pouvais voir, chaque fois que je m’appuyais contre mon dossier, sa jupe noire, plissée, remontée bien au-dessus des genoux. Ses bas, ou son collant, de toute évidence de grande marque, lui gainaient les jambes à la façon d’un écrin dévoilant une perle noire. Elle portait un chemisier en soie grège, sans manches, largement échancré. Je pouvais me gaver les yeux à chaque fois qu’elle avançait le bras pour écrire, d’une bande transparente de nylon cassis et de l’amorce du bonnet en dentelle qui semblait contenir un sein aux belles courbes. J’eus une pensée crétine en me souvenant du texte sur une boite d’escargots supposés être « d’une belle grosseur ». Je commençais, malgré moi, à sentir une réaction dans mon pantalon. Oui, cette Eva, si près de moi que je sentais ses ondes de chaleur, était une femme bandante… - Bien, on s’accorde une petite pause, ensuite on attaque les prévisionnels, secteur par secteur Un percolateur sur une table près de l’entrée de la salle distribuait du café, les amateurs de thé pouvaient aller se faire voir. J’attendis qu’Eva se serve, debout derrière elle, à une distance que les bonnes mœurs auraient réprouvé, pour respirer à fond son parfum sucré, mélangé à une odeur corporelle suave qui lança un signal violent à mes sens exacerbés Je me mis à bander au point que cela devint douloureux. Je me servis et suivis Eva qui regagnait sa place. - Alors, cette première réunion de marketing n’est pas trop stressante ? Elle se tourna et me fixa dans les yeux. Ses lèvres s’écartèrent pour dévoiler des dents superbes. - Non, pas du tout, j’en ai connu d’autres. Que lui dire pour l’accrocher, retenir son attention ? - En dehors du marketing, tu as des loisirs ? C’est quoi ton truc préféré ? Un petit sourire narquois plissa sa bouche de gourmande, le bout de sa langue d’un rose magnifié par l’éclat profond de ses lèvres fit de courts va et vient entre des dents aussi blanches, aussi bien alignées que des touches de piano. Son regard plongea dans mes yeux, avec une telle intensité que je fus certain qu’elle n’ignorait rien du tissu distendu de mon slip. - C’est quoi mon truc préféré ? Eh bien je baise. On dit que dans certaines circonstances le sang reflue jusqu’aux doigts de pied. C’est exactement ce qui m’arriva. J’en oubliai de respirer, attentif aux cognements brutaux de mon cœur et de mon sexe en ébullition. Moi je baise, dit de la même façon que si elle avait remarqué « Pas mal ta cravate ». Et ce sourire narquois ! Le sang bouillonnait dans mes artères et mes veines. Je n’entendis rien des prévisionnels, les pensées totalement confuses, incohérentes. Moi je baise, c’était une invitation, non ? J’eus la sensation d’être divisé en plusieurs parties, devenues chacune indépendante. Ma tête se trouvait plongée dans un remous tumultueux, mon sexe prisonnier se faisait sentir par de grands élancements, ma main droite partait à l’aventure, sous le plateau de la table de conférence. Elle se posa sur la cuisse droite d’Eva qui écarta sa jambe dans ma direction. Sa main se posa alors sur la mienne, la saisit pour la reposer fermement sur ma jambe. - Du calme… Plus tard… Je sentis que le directeur du marketing m’observait. Il m’interrogea, d’un air soupçonneux : - Et votre prévisionnel Delmotte ? Je croyais le recevoir hier. Je l’attends, vous m’entendez ? Vous ne vous sentez pas bien ? - Euh… plus tard monsieur, je vous le donnerai un peu plus tard… Il haussa les épaules et revint vers le tableau des statistiques. Je n’entendis plus grand-chose de l’exposé final. Les yeux mi-clos je respirai l’odeur d’Eva, le subtil mélange de parfum et de cosmétiques, avec en plus… oui, une odeur de femelle… - Bien, assez travaillé, vous pouvez aller vous détendre et on se retrouve à vingt heures pour le diner. Un groupe décida de s’installer au bar, d’autres voulurent respirer les effluves d’un printemps précoce. Eva se dirigea vers les escaliers pour gagner sa chambre, ce qui m’excita encore plus. La Direction avait choisi un petit hôtel, entièrement réservé à notre groupe, sur deux étages. Planté au milieu de jardins et d’espaces boisés, il devait garantir calme et sérénité ainsi qu’une saine émulation. Toutes valeurs à des années-lumière de mon état de grande fébrilité. Eva monta les escaliers, à mon côté, les reins cambrés, avec sa jupe qui se balançait sur ses jambes en une caresse des plus sensuelle. Je collai mes pas aux siens, broyé par l’attente, par l’extase que j’allais vivre. Sa jupe se balançait à chaque marche, d’avant en arrière, avec l’ourlet se relevant, comme un salut. Chaque marche générait la douce musique du tissu contre le nylon de ses jambes, et c’est à moi que ce bonheur revenait ! J’eus à peine tourné la clé qu’elle m’avait tendue, dans la serrure de sa porte, qu’elle me poussa, pour ne pas être vue de collègues, j’imagine. Je la pris dans mes bras dès la porte refermée. Nos langues se cherchèrent pour se trouver et entreprendre une lutte d’occupation du terrain. Mes mains, un peu folles couraient dans son dos, sur ses hanches et le rebond de ses fesses, fermes au toucher. Trop collée contre moi je ne pus saisir un sein et me contentai de savourer la pression de la rondeur aux pointes durcies. De la hanche ma main glissa sur sa cuisse et voulut forcer son chemin vers son entrejambe. Elle gémit, serra les genoux et éloigna ma main. - Déshabille-toi, je reviens tout de suite. Haletant, le sang sous pression, je la regardai s’éclipser dans la salle de bain. Elle tourna la tête juste avant de fermer la porte et m’envoya un baiser silencieux. L’odeur de son parfum imbibait toute la chambre. Un collant roulé en boule et un soutien-gorge occupaient la chaise devant la petite table de travail. Je restai là, indécis, les bras ballants. Une bouffée de chaleur me monta au visage. Jamais, jusqu’à présent, je n’avais été confronté à pareille situation. Je n’allais tout de même pas m’en plaindre ! Je baignai encore dans une douce euphorie sans me rendre compte que mes doigts avaient travaillé à mon insu. Je n’avais plus que mon slip et mes socquettes à enlever. Mon sexe se dressa et vint frapper mon ventre. Je bandais tant que la peau avait glissé du gland pour se loger à sa base en plusieurs petits bourrelets. Des bruits d’eau me parvenaient de la salle de bain. Eva chantonnait. Me glisser sous les draps et attendre ? La tête du lit se trouvait sous le plan incliné du plafond habillé de lambris, avec un Velux juste au-dessus des oreillers. L’eau continuait de couler dans la douche, que faisait-elle si longtemps ? Je commençai à me trouver ridicule, debout au milieu de la chambre, mon sexe maintenant à l’horizontale, avec tendance à pointer vers le bas. J’allai m’agenouiller sur le lit et m’installai le mieux possible, menton posé sur les mains à plat, bras écartés sur le cadre du Velux entrouvert. Le papy repiquait ce qui ressemblait à de la salade, dos cassé, fesses pointées vers le ciel. La brune au short moulant déployait maintenant un déshabillé gris perle, bordé de dentelle vaporeuse. Je me concentrai sur le short plein à craquer aux coutures, je l’imaginai se tortiller pour le faire descendre sur ses chevilles. Elle pliait les genoux et enfilait une culotte fendue d’où dépassait une belle touffe de poils luisants. Ma queue se redressa. Je ne compris pas, alors, le subit balancement du matelas qui me fit écarter les genoux pour retrouver de la stabilité. Une main ferme se saisit de mon sexe et le plongea dans une bouche affamée. Eva avait quitté la salle de bain, sans bruit, ou alors j’avais été trop absorbé par le spectacle du jardin, s’était glissée sur le dos et d’un coup de reins avait passé la tête et les épaules entre mes cuisses écartées. Cette sensation brutale par sa soudaineté me coupa le souffle. Eva s’activait avec une détermination féroce. Elle me glissa jusqu’au fond de sa gorge en me branlant par saccades en même temps qu’elle me triturait les couilles. J’aurais tant voulu que cela dure, mais Eva savait ce qu’elle voulait et le montrait. Elle me sortit de sa bouche, juste le temps d’exiger sur un mode plaintif : - Donne-moi tout, donne-moi toute ta crème… Elle m’aspira alors le gland pour l’emballer dans sa langue et me tira les couilles en les faisant tourner entre ses doigts. La volonté d’Eva fut la plus forte, je ne sus pas résister. Mais le voulais-je vraiment ? Le premier jet explosa alors qu’elle me branlait plus fort, plus vite pour recevoir une deuxième giclée. Des grognements de contentement montèrent de sa gorge. C’était trop, trop fort. Mes genoux cédèrent et je m’affalai sur le visage illuminé par un violent plaisir d’une Eva fière du résultat. Gérard Stell

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4 juin 2016 6 04 /06 /juin /2016 15:23
COLONEL SCHTRAMERMAX

Les services de l'Otan ont prévenu le "Vieux". Les chinois continuent la construction de la Muraille de Chine sous terre. Le chantier se trouve déjà sous les Alpes autrichiennes. Il faut agir, vite! Le "Vieux" confie donc cette mission d'une importance totale à son meilleur agent de terrain. Il s'agit du renommé colonel Schtramermax secondé efficacement par l'agent spécial Boud'Gras. Vous allez frémir avec ces deux hommes magnifiques!

Lisez cette passionnante aventure sur Amazon Kindle Boutique.

Vous y trouverez aussi:

Schtramermax contre les Bimmbels

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28 mai 2016 6 28 /05 /mai /2016 07:54
Les Vieux

Le soleil des Increvables

~~Le soleil des increvables Prologue Inquiétant, fourbe, dangereux. Criminel, disaient certains membres de la petite pègre de Vincennes et de Saint-Mandé. La hargne des commentaires dissimulait à peine la jalousie et l’envie. Captivant, ensorceleur, bouleversant… Magique, soufflaient certaines. Les voix s’étranglaient dès les premiers mots. Une émotion incontrôlée prenait le dessus. De la bonne qui croyait encore au Prince Charmant, à la bourgeoise la plus guindée qui ne croyait plus à rien mais qui rêvait volontiers à des étreintes passionnées, l’unanimité des victimes consentantes dressait un front uni. Comment la nature, généralement moins magnanime avait-elle pu se montrer si prodigue ? Il tenait de sa mère le cheveu dru, d’une épaisseur souple, couleur aile de corbeau zébré de reflets bleus métalliques. Il devait aussi à sa mère des lèvres pleines, ourlées, aux commissures légèrement tombantes qui pouvaient en une fraction de seconde signaler un appel sensuel ou le mépris et la colère. Sa mère l’avait adulé, sans la moindre retenue. Tu tiens de ton grand-père Vladimir lui avait-elle souvent répété, un grand-père qu’il n’avait jamais connu. C’est de lui aussi qu’il tenait son corps élancé, des épaules carrées, une taille étroite et une démarche légère. Il ne passait pas inaperçu, inspirait un émoi brutal auprès des femmes et le respect envieux des voyous du sud-est parisien. Ce sont ses yeux, les yeux du grand-père qui faisaient l’objet de tant de controverses pour les uns, de vénération pour les autres. Les sourcils épais et les longs cils noirs soulignaient encore plus le bleu myosotis de l’iris ainsi que les paillettes d’or visibles dans les contractions des pupilles bleu océan. C’est le mystère envoûtant de ce regard qui l’avait amené jusque-là, bien malgré lui. Très jeune, en fait dès l’âge de seize ans, son pouvoir sur les femmes lui fut révélé. Placé comme apprenti chez un limonadier de la rue de Turmel, non loin de la Porte des Allemands, il réussit à séduire dans ce quartier toute femme suffisamment inconsciente pour ne pas se dérober au regard si séducteur. Le boucher de l’angle de la Place des Charrons et de la rue Mazelle n’accepta pas la fatalité de son déshonneur très commenté dans le quartier et voulut se venger. Ceint de son tablier taché de traces rouges, il pénétra dans la cour du limonadier et tomba nez à nez sur l’amant de sa femme. Celui-ci comprit immédiatement le danger de la situation. Le boucher dérapa sur de la glace pilée, sembla osciller puis se rattrapa à la roue d’un tombereau. Il poursuivit le garçon, un hachoir dans une main, un couteau à désosser dans l’autre, traversa la Place Mazelle sous les yeux incrédules des joueurs de boule. Il continua ainsi jusque devant les grilles, le long du talus de chemin de fer, à la hauteur du Passage de Plantières. Le pourchassé sauta par-dessus les pointes de la grille en ne prenant qu’une seule fois appui sur les barreaux. Le hurlement de rage qu’il entendit derrière lui, le rassura. Le boucher, victime de sa corpulence, devait se contenter de courir sur le trottoir parallèle aux grilles, et de là, il ne pouvait pas lui faire grand mal. L’apprenti se rapprochait maintenant des hautes structures de la gare de Metz et de ses nombreux quais, évaluant la façon la plus sûre de s’échapper à la vengeance du cocu. Le temps que celui-ci entre dans la gare, choisisse au hasard un accès aux quais et se décide de courir dans une direction ou une autre, il serait déjà loin, dans le bas des rues du Sablon. Il jeta un regard en contrebas, étonné de ne plus entendre le martèlement des talons du boucher sur le trottoir. Il fit un bond de côté sur la voie et s’arrêta brusquement. Ce qui lui sauva certainement la vie. Le hachoir froufroutant dans l’air lui frôla la joue pour se planter dans une traverse. Le boucher avait escaladé le mur après le château d’eau, et de là, sauté sur le talus. Il n’était plus qu’à une douzaine de mètres, un poing battant l’air, comme s’il enfonçait un clou, le couteau à désosser dans l’autre main tendue en avant. - Attends petit salopard ! Tu ne peux plus m’échapper ! Je te jure que je vendrai tes roubignolles demain matin, dès que j’en aurai fini avec toi !

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31 janvier 2016 7 31 /01 /janvier /2016 09:12
Sexe au bureau

~~Sexe, mohair et télex

- Vous leur envoyez un télex de confirmation pour qu’ils prennent leurs dispositions. Prévoyez une soirée au Moulin Rouge, ils adorent ça.

Le téléphone sonna sur le bureau du Directeur, à cet instant. Le patron s’en saisit, fronça les sourcils, puis sourit et me lança un regard convenu. Il approuva.

- Oui, très bien. Justement on parlait de vous et de l’organisation de votre visite. Comment ? Ah, écoutez, je vous le passe et vous vous entendrez avec lui.

Non, non ! Il ne va pas me tendre son téléphone ! Le Directeur avait tendance à postillonner et son téléphone dégageait une odeur aigre qui me révulsait l’estomac. Je pris le combiné en tenant la partie micro éloignée, et en parlant avec mon client libanais, pratiquement en apnée. Ce fut avec un plaisir écœuré que je reposai le combiné.

- Bien, vous vous débrouillerez avec eux, envoyez le télex maintenant, sans oublier le règlement sur une banque française.

- Je vais m’en occuper à l’instant, monsieur. Le texte fut rapidement rédigé, avec toutes les indications sur le cadre financier de notre contrat. Les télex étaient envoyés par la standardiste, assise à l’accueil. Une pièce derrière le standard contenait le télex, une tireuse de plans, une table et une armoire à plans. Une porte donnait sur les toilettes.

- Tiens, j’ai un télex à envoyer, tout de suite.

- J’en ai d’autres en attente, je ne vais pas tout laisser tomber pour toi, parce que tu le demandes. - Ne fais pas la mauvaise tête Marlène, je peux patienter quelques minutes.

- Ah, tu as l’intention d’attendre ?

- Eh oui, je pourrai te regarder, t’admirer. Je n’ai jamais eu le temps de le faire. Tu sais comment c’est, toujours sous pression.

- Ce n’est pas en me flattant que ça ira plus vite.

De taille moyenne, cheveux châtain clair, ondulés, yeux noisette, Marlène offrait aux regards une jolie silhouette. Un sourire ironique répondait aux compliments du personnel ou des visiteurs. Elle se leva pour aller s’asseoir sur le tabouret devant le télex, mais, consciente ou pas de ma présence, elle accentua son déhanché depuis le standard, jusqu’au télex. Sa jupe plissée, noire balançait sur ses mollets fuselés par le port de hauts talons. Sa poitrine, avec un bel arrondi tendait un pull gris, en mohair.

- Donne-moi ton texte .

- Je croyais que tu en avais d’autres en attente ?

- J’ai dit ça pour te faire marner.

Je m’approchai d’elle, presque à la toucher, pendant qu’elle préparait la bande perforée. Mon bras toucha son épaule, en m’appuyant des deux mains sur la table du télex. Je rapprochai mon visage de sa tête, attiré par sa chaleur et les odeurs mélangées de cosmétiques et d’un parfum fleuri. Je dois dire que je m’étais toujours contenté de saluer Marlène, au passage, sans plus. Mais cet après-midi-là, cette proximité physique, cette odeur capiteuse de femme m’émoustilla. Je passai le bout des doigts sur son bras.

- Mm, que c’est doux… Elle leva les yeux de son clavier et me regarda, un regard perplexe.

- C’est du mohair, au prix que je l’ai payé, il a intérêt à être doux. Alors, j’eus un geste déterminant. Je glissai ma main sous son bras et effleurai le contour du sein.

- Oh, tu n’es pas bien ?

- Au contraire, mais je ne résiste pas à tant de douceur. Elle me fixa dans les yeux.

- Tu achètes le même pull à ta femme, tu verras, c’est pareil.

- Mais non, ça ne serait pas pareil, elle ne te ressemble pas.

Ma main, tout en parlant, suivit avec une légère pression l’arrondi du sein. Marlène soupira, excédée.

- Tu arrêtes ? Tu joues à quoi là ?

Je dois avouer que je venais de découvrir à l’instant, mon envie pour cette femme. J’étais prêt à dire n’importe quoi.

- Je ne joue pas, ça fait longtemps que tu me plais, que tu me plais beaucoup. Je te regarde et te dévore des yeux depuis des mois.

Elle me dévisagea, troublée, indécise. J’en profitai alors, en la fixant droit dans les yeux. Ma main saisit complètement le sein gauche. Ce toucher provoqua une explosion qui m’irradia des pieds à la tête. Marlène n’avait pas réagi, seuls ses yeux et ses narines pincées accusèrent le coup. Elle secoua la tête, incrédule. - Je crois bien que ça suffit, je suis mariée, toi aussi, alors, stop. Elle se leva, contourna la table entre la tireuse et l’armoire à plans. Je lui barrai le passage et la saisit par la taille. - Tu es dingue ? - Tu me plais beaucoup, tu sais… Je la serrai contre moi. Nos corps s’épousèrent. Marlène ne pouvait pas ignorer mon érection. Un bras autour de sa taille, une main lui tenant la tête, je posai ma bouche sur ses lèvres. Elle ne me repoussa pas, mais n’ouvrit pas la bouche, malgré la pression de ma langue. J’insistai, je libérai sa taille et saisit un sein à pleine main. Ses lèvres s’entrouvrirent. Je sentis son bassin s’incurver, rechercher le contact avec mon érection qui avait pris un volume imposant. Il ne me vint pas un seul instant à l’idée que je faisais une folie, que n’importe qui pouvait arriver à l’accueil, et éventuellement passer la tête dans le local du télex. Je n’eus aucune pensée quant au risque insensé que je prenais. Que je risquais tout simplement ma place. Il n’y avait plus que les pulsions brûlantes dans mon sexe, les cognements de mon cœur, et le sang qui bouillonnait dans mes veines. Marlène prit ma nuque pour river sa bouche à la mienne. Je sentis sa

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23 janvier 2016 6 23 /01 /janvier /2016 08:24
Les étrons

~~Requiem dans la garrigue Sa pointe magnifique se dressait, fière et orgueilleuse, elle tenait tant à se démarquer des autres. Elle dominait un demi-cercle nonchalant, ramassé sur lui-même, tout en arrondi. Des pas pressés martelèrent la poussière de la sente. Une branche sèche craqua. Le cliquetis d’un ceinturon ouvert à la hâte troubla le sous-bois. Une ombre criminelle, interminable, descendit sur la malheureuse, l’écrasa d’un gros boudin en forme de colimaçon en même temps que résonnait un han! rageur. Il y eut un immense éclat de rire parmi les anciens, ceux qui étaient déjà cuits et recuits par la chaleur brûlante du soleil de Provence et qui n’avaient plus rien à craindre. Les derniers venus tentèrent de rire aussi mais un frisson de peur les contracta. Ils étaient trop frais, trop en avant, et risquaient à tout moment de subir le sort de l’avocate. L’ombre se redressa en soupirant d’aise puis émit un chapelet de jurons. Le groupe du printemps admira sans retenue le nouveau, encore lisse, mollement étendu entre deux pieds de thym. Ils retenaient leur souffle, la larme à l’oeil comme à chaque fois où ils assistaient à une nouvelle naissance. Oubliée déjà l’avocate, raplatie, collée à la semelle en cuir du dernier visiteur et répandue en traînées furieuses. Émus par tant de fraîcheur, tant de beauté, ils n’osaient encore pas questionner leur visiteur qu’ils devinaient de belle extraction. Marcel de la RATP murmura à Ernest vendeur dans une quincaillerie de Lille, - Tu as vu son grain? Quelle finesse! Sûrement pas n’importe qui... Quelle élégance dans le mouvement... Crois-tu qu’on puisse le tutoyer? Ernest, accroché à sa touffe de plantain depuis la Pentecôte, contempla longuement son corps troué par les mouches et les scarabées, desséché par trois semaines de soleil implacable. - Je ne pense pas. On va plutôt attendre qu’il parle le premier, on ne sait jamais des fois qu’il se vexerait et voudrait faire bande à part. - De toute façon sa fierté ne durera pas, voilà déjà ces sales bêtes! Une grosse mouche arriva, bourdonna sur place, le temps que les milliers de facettes de ses yeux prennent la pleine mesure du festin. Des éclairs bleutés dansaient sur son abdomen velu et rebondi. D’autres arrivèrent, un ballet méthodique allait commencer. - Les abominables monstres, souffla Ernest... Un ricanement aigrelet fusa de derrière une croupe d’herbe jaunie. - Dis plutôt que tu es jaloux, que tu regrettes ton succès du premier jour! Eh oui, envolée la fringante allure! - Tais-toi vieux fou, tu n’as jamais su plaire et tu dois bien souffrir en voyant ce que seuls tes rêves peuvent imaginer. Le ricaneur se tut. Depuis le temps... Depuis quand était-il là? Depuis Pâques? Il avait complètement oublié ses origines, perdu forme et couleur. La prochaine averse sérieuse le fondrait et il sera happé par le sol goulu. Il en avait vu arriver de toutes sortes, des petits maladifs ne tenant pas ensemble, des gros qui s’affalaient de tout leur poids, des ratés qui avaient immédiatement coulé entre les pierres. Il pouvait se flatter d’avoir admiré quelques chefs d’oeuvre, comme le dernier arrivé. Certains, mal exposés, s’étaient flétris au soleil, d’autres mal placés furent écrasés ou décapités par des pieds pressés et sans scrupules. Il y avait de quoi grincer des dents et se révolter... Après avoir été chaudement dorlotés, choyés dans un calme obscur, être abandonnés à toutes les intempéries, à toutes les humiliations, le plus souvent dans des endroits infâmes! Le vol de mouches repues s’éleva lourdement, comme à regret. Le nouveau venu avait perdu de son brillant soyeux, ses couleurs alors si fraîches laissaient la place à un terne affligeant. C’est ce qui décida Ernest à demander sur le ton de la conversation, - Qui es-tu? Toute la congrégation retint son souffle. Certains se désolidarisèrent de ce vendeur par trop familier. Il est vrai que l’endroit alignait du beau monde, bien que ce compagnonnage ne fut que le résultat forcé d’une envie pressante. Un vrai melting pot! A gauche, un député socialiste, parvenu, manifesta sa désapprobation en fixant le sommet d’un chardon. A droite, un médecin généraliste l’imita ainsi qu’un évêque placé judicieusement par le hasard entre ces deux notables. D’autres semblaient vouloir soutenir Ernest. Un syndicaliste remarque avec un bon sens terrien, - Non mais, écoutez-moi moi ces deux là, qu’est-ce qu’ils se croient? On dirait qu’ils ne se souviennent pas d’où ils sortent! Vous n’avez pas cherché à savoir qui était déjà présent quand vous êtes arrivés, et pour cause, l’urgence commandait! Un philosophe de salon, encore récent, s’adressa à une directrice de société, seule représentante de la gent féminine après la tragique disparition de l’avocate. - Que pensez-vous chère Chloé de ces chamailleries? Ils se démènent, se surveillent, se jalousent et ce provocateur vient parler d’égalité! Dans quel monde vivons-nous! Une moue distinguée incita le mondain à poursuivre,

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9 janvier 2016 6 09 /01 /janvier /2016 17:01
L'aveugle assassin

~~L’aveugle de la fontaine Il était arrivé là sans s’en rendre compte, il ne savait pas d’où il venait en fait, il s’en moquait presque. Tout son être se rebiffait rien qu’à l’idée d’être rattaché à un passé. Il n’était pas effrayé, à peine étonné, surtout songeur. Ce qui l’impressionnait le plus, c’était ce silence amplifié encore par le crépitement continu de la fontaine. Décontenancé, un peu mal à l’aise, il fit quelques pas et regarda autour de lui. La grande place au milieu de laquelle il se trouvait, ainsi que les rues qui y débouchaient, lui étaient totalement inconnues. Il haussa les épaules. Je suis autre part, pensa-t-il, étonné par une constatation aussi curieuse. Il n’était certain de rien mais admettait volontiers que tout cela était réel, qu’il ne rêvait pas, d’ailleurs, il avait trempé sa main dans la fontaine pour en sentir la fraîcheur. Il haussa de nouveau les épaules et voulut descendre du trottoir pour emprunter la première avenue juste en face, mais il recula brusquement comme si les pavés de la place lui avaient brûlé les pieds. Il remarqua enfin l’étrange agencement de la chaussée. Une immense spirale faite de deux bandes accolées de pierres noires et blanches semblait s’élancer de très loin et s’approcher en accélérant son mouvement pour venir se précipiter pareil à un tourbillon sous la fontaine. Il écarquilla plusieurs fois les yeux pour tenter de contrôler cette image mouvante. Il avait beau se répéter qu’il n’était pas de ceux qui se laissent facilement impressionner, mais la place, les avenues désertes commençaient malgré toute sa volonté à glacer ses veines. Il se mit à haïr le chant de l’eau claire, il regarda la fontaine en ennemie, en amas de pierres douées d’une obstination nuisible. Etait-ce son imagination ou alors entendait-il vraiment des rires moqueurs s’échapper des bulles nerveuses et pressées? Ses pas le conduisirent de l’autre côté de la haute vasque moussue, et là, il éprouva un choc : il n’était pas seul. Un vieillard, apparemment aveugle, agitait une assiette vide. Il ressemblait à tous ces aveugles mendiants que l’on peut rencontrer n’importe où. Pourtant, malgré ses vêtements rapiécés et sa barbe sale, jaunie autour de la bouche, toute son attitude semblait empreinte d’arrogance. Le bras tremblant cessa de s’agiter. - Me feras-tu l’aumône? demanda l’aveugle sans se détourner. Au lieu de se sentir soulagé de rencontrer enfin un être humain, l’étranger éprouva une grande horreur, une peur animale. Il sortit cependant son portefeuille et tendit un billet. - Tiens, mais dis-moi où je me trouve, dis-moi que tout ceci n’est pas vrai! Le vieillard prit le billet, le fit craquer entre ses doigts puis l’enfouit dans sa poche. Un léger sourire se devinait entre les poils de sa barbe. Il ne répondit pas jusqu’à ce qu’il perçoive des mouvements d’impatience chez son donateur. - Je ne suis qu’un vieil homme aveugle... Que veux-tu que je te réponde? Je suis ici, c’est tout. - Moi aussi je suis ici! s’emporta l’étranger, je ne le sais que trop! Mais ces rues, cette place ont un nom, tu dois bien le savoir, tu n’es pas arrivé ici par enchantement! Un rire sans joie secoua l’aveugle. Sa voix adoucie par la pitié se confondit avec le bruissement de l’eau sur les vieilles pierres. - Et toi mon garçon, comment es-tu arrivé ici? L’agressivité de l’étranger s’estompa. Il demanda humblement en baissant le ton, - Que fais-tu ici? Qu’attends-tu? Nous sommes seuls, c’est un véritable désert qui nous entoure, une ville morte... Sais-tu au moins qui tu es? - Si je te le disais, me croirais-tu? Écoute, écoute bien et réfléchis... Je me suis crevé les yeux, oui, volontairement pour sauver ce qui me restait de raison... Tant que je serai à l’ombre de la fontaine, je pourrai conserver l’espoir d’une autre vie, d’une vie peut-être pas meilleure, mais d’une vie à moi, d’une vie de paix. Le bruit de cette eau est mon salut... Ce sera le tien aussi... L’étranger frissonna. Il pensa avoir à faire à un fou, pourtant les battements de son cœur semblaient résonner si fort dans le silence effrayant qu’il aurait accepté n’importe quoi, n’importe qui, mais pas de se retrouver seul. - Un homme normal ne se crève pas les yeux, tu radotes. La vue est un don de la nature, as-tu encore toute ta raison? - Écoute et tais-toi ordonna l’aveugle. Ecoute-moi sans m’interrompre, ensuite tu tenteras ta propre expérience. Tu n’es malheureusement qu’un homme et tu te crois plus fort, comme j’ai cru l’être... J’ai eu une vie sans éclat, sans grandes peines, sans grandes joies, puis un jour, je me suis retrouvé ici, seul... Comment? me diras-tu, je ne sais pas. Peut-être qu’à force de toujours souhaiter autre chose, d’être insatisfait, le sort nous amène à vivre d’étranges événements... Qui es-tu? D’où viens-tu? Qu’importe! J’ai voulu connaître ces avenues, il y a longtemps, je voulais vivre autre chose, ailleurs, enfin! Il me fallut toute ma volonté pour traverser cette place, ensuite, j’ai vu, j’ai vu pour mon plus grand malheur tout ce que je devinais mais ne voulais pas admettre... Impatient, l’étranger supplia le vieillard de continuer son récit. Courroucé, celui-ci frappa le trottoir de son bâton. Sa voix s’altéra, son débit augmenta comme s’il voulait se débarrasser au plus vite de souvenirs pénibles. - J’ai couru jusqu’à l’avenue face à moi. Pourquoi celle-ci plutôt que celle-là? Elle paraissait déserte et silencieuse de loin mais plus je m’en approchais et plus je A suivre

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  • : Le blog de Gérard Stell
  • : Ce blog a pour but de me rapprocher de mes lectrices et lecteurs, de communiquer toute la fantaisie de mon imagination, qui, soyez en convaincus, ne veut pas connaitre de limites. Romans, nouvelles sont disponibles sur Amazon Kindle. Je vous parle également de mes activités de volontaire bénévole au sein des CCFF de Fréjus. Une visite de Metz et de ses environs, cadre de mon enfance, s’imposait, ainsi qu’un détour par un petit coin attachant des Vosges.
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